Élève à Summerhill[1] (1990-95)
Ce chapitre est tiré du livre After Summerhill d’Hussein Lucas dans lequel l’auteur discute de ce que sont devenus différents anciens élèves de l’école Summerhill, souvent considérée comme la première école libre fondée, depuis les débuts de cette école. Ce chapitre suit le cheminement d’Abigail Taylor tant lors de son séjour à Summerhill qu’après. Il montre comment une élève d’une école libre peut aimer son école et comment cette élève peut tracer sa voie jusqu’à l’obtention d’une maîtrise. Il illustre également à quel point une personne peut devenir dévouée à une passion lorsqu’elle a le temps et la possibilité de trouver cette passion et de la suivre. (Pour vous procurer une copie du livre dans sa version anglaise)
C’est souvent la transition du primaire au secondaire que plusieurs enfants trouvent difficile. D’un environnement petit à l’échelle humaine, ils sont envoyés dans une grande organisation industrielle dans laquelle ils sont conditionnés à répondre à des cloches pavloviennes et à se retrouver dans un labyrinthe physique, intellectuel et émotionnel. C’est à ce point que plusieurs enfants plus sensibles se referment sur eux-mêmes. Pour Abigail Taylor, l’environnement familial de Summerhill s’est avéré une bénédiction.
Abigail Taylor a grandi à Cambridge où elle est allée à l’école primaire de son quartier qu’elle a trouvé parfaitement adéquate. Ses problèmes ont débuté lorsqu’elle a commencé à aller à l’école secondaire. « Je trouvais les leçons difficiles. Tu as seulement 12 ans lorsque tu y vas pour la première fois et, malgré cela, ils commencent déjà à te mettre de la pression par rapport aux examens de fin du secondaire. C’était horrible ».
En plus de trouver la charge de travail pénible, elle a appris à détester ses enseignants. « Ils agissaient de manière supérieur. Ma mère avait entendu parler de Summerhill et m’avait informée un peu à propos de cette école et j’ai pensé que ça pourrait être une bonne alternative. Lorsque nous l’avons visitée, je l’ai trouvée un peu bizarre, tout en étant confiante que je pouvais m’y adapter. Je n’ai pas aimé Summerhill les premiers jours – ‘Oh, mon dieu, j’ai fait le mauvais choix’ – en pleurant lorsque je m’ennuyais de la maison. Après coup, c’était correct. Celle qui était responsable de mon dortoir, qui venait de la Grèce, était très rassurante. Je me suis fait des amis et j’ai adoré mon séjour à l’école ».
Abigail a trouvé que la plupart des nouveaux élèves avaient de la difficulté dans les premiers jours. « Par exemple, certains se faisaient voler leurs bonbons. J’ai partagé une chambre avec quatre filles, une Anglaise, deux Japonaises et une Française. La fille française était très gentille avec moi. Je pense que certaines personnes veulent seulement mettre les nouveaux à l’épreuve. Je pense que certains prennent avantage de la vulnérabilité des nouveaux ».
Pendant le premier mois, Abigail assistait toujours aux cours, puis elle arrêta. « Après que je me sois fait des amis, aller en classe est devenu ennuyant. C’était plus agréable d’aller jouer dehors toute la journée ». Elle n’est pas allée en classe pour les deux à trois années qui suivirent, puis elle a commencé à étudier pour les examens de fin du secondaire. « Par contre, je n’aimais pas particulièrement les cours, à part pour les cours de théâtre. Ça n’avait rien à voir avec les enseignants, par exemple, la charge de travail en mathématique était accablante. Je n’aurais pas été en mesure de compléter cette charge de travail même si ma vie en aurait dépendu ».
Elle s’entendait bien avec la plupart des adultes. « Tu sais, tu aimes certains d’entre eux et pas d’autres. Je ne voyais pas Zoë[2] énormément, à part lors des assemblées. Zoë peut être très stricte. On avait des différends avec elle. Elle peut parler pendant longtemps, mais elle est traitée de la même manière que tout le monde et je pense qu’elle a été mise à l’amende pour avoir pris la parole lorsque ce n’était pas son tour. » La présence de la veuve de Neill, Ena, était souvent intimidante lors des assemblées et aux soupers. « Elle était vraiment autoritaire. Tout le monde avait peur d’Ena, en fait, pas tout le monde, pas Zoë, mais c’était le cas du personnel et des enfants. »
Abigail allait à la plupart des assemblées, mais elle a pris à peu près un an avant de faire des interventions en assemblées. « Avant de quitter l’école, j’ai parlé souvent et beaucoup en assemblées, mais j’ai seulement présidé une assemblée une fois – j’ai finalement eu le courage à mon dernier semestre. Ça a bien été, mais tu deviens tannée d’être debout tout le temps et de demander à tout le monde d’être silencieux. Des fois, le président quitte l’assemblée en pleurant parce que tout le monde est trop énervant et ne veut pas se taire. Il y a des jours comme ça, mais, la plupart du temps, ça se passe bien. Quelques personnes président souvent. Elles aiment ça et elles savent comment le faire. C’était pas mal divisé également entre gars et filles. »
Par contre, elle trouvait le tribunal[3] généralement ennuyeux. « C’était surtout les plus jeunes qui s’accusaient l’un l’autre pour s’être pincés ou poussés. Puis, c’est devenu intéressant pendant une période. Ça n’aurait pas dû l’être, mais c’était pendant une période où certains sortaient tard le soir et buvaient en ville. Certains d’entre eux ont été envoyés chez eux pour une semaine et, ceux qui continuaient après cela se faisaient renvoyer. Seulement Zoë peut renvoyer quelqu’un. C’est très bouleversant quand quelqu’un se fait renvoyer, spécialement si c’est un/e de tes bon/nes ami/es. Je n’ai jamais été suspendue, mais j’ai été mise à l’amende pour avoir achalé des gens, pour être allée en ville lorsque je n’étais pas supposée ; quelque fois pour avoir bu, mais jamais rien de sérieux. Quelques jeunes enfants ont eu des problèmes avec la police pour vols de bonbons au dépanneur, mais, au cours des dernières années, personne n’a rien fait de grave. Je pense que ça arrive lorsqu’il y a beaucoup de nouveaux ensembles et qu’ils s’éclatent. »
La pire fois que ça s’est produit fut pendant le premier semestre d’Abigail alors qu’une équipe de télévision était présente. « Ils ont été là pour à peu près 6 mois et tous les règlements avaient été abolis[4]. (Des assemblée ont voté à quelques reprises d’abolir tous les règlements pendant les 90 ans de Summerhill). « Il y avait du désordre et quelques Américaines en difficulté ont causé des problèmes. Il y avait deux filles très décidées et influentes qui se sont disputées et qui ont formé deux groupes rivaux qui se chicanaient. En bout de ligne, Zoë a renvoyé une d’elles et plusieurs personnes qui étaient dans ces groupes ont quitté, donc ça s’est réglé. »
Après que l’équipe de tournage eut quitté, des règlements furent ré-adoptés et Summerhill s’est réorganisée. « Si vous avez un groupe énergique de jeunes plus vieux, ça aide. Je pense qu’on était encore assez vigoureux quand j’ai quitté. En général, les règlements fonctionnaient bien et la communauté travaillait en équipe – ça a fonctionné pour plus de 70 ans, c’est probablement la tradition de l’école qui en est la cause. Une journée, une des secrétaires a trouvé plusieurs très vieux procès-verbaux et, mis à part la question de l’argent, tu pouvais voir que pas grands choses avaient changé. Le système a changé un peu, évidemment, depuis que Neill est décédé, mais je pense que les enfants n’ont pas changé ou que les idées de base n’ont pas changé. »
Une chose qui a changé énormément depuis qu’Abigail a quitté est l’apparence de l’école. « Lorsque je suis arrivée la première fois, c’était vraiment délabré. Ça allait presque s’effondrer. On avait de vieux lits superposés bruyants. Aujourd’hui, ils ont des lits superposés faits en pin, un nouveau bureau, de nouvelles classes et tous les locaux ont été rénovés. C’est très chic. La cuisine ressemble à un vaisseau spatial. » Abigail n’est pas sûre que c’est vraiment mieux ainsi. « Je pense que c’était mieux avant parce que tu pouvais salir un peu et ce n’était pas vraiment un problème, mais, maintenant, il y a des règles plus strictes à propos de garder les chambres rangées. Un des avantages de Summerhill était de ne pas devoir garder sa chambre propre. Maintenant, tu ne peux pas écrire sur les murs. Je sais que tu ne devrais pas, mais c’est le genre de choses que tu fais quand tu es jeune – pour dépasser ces envies et passer à autre chose. »
Les longues vacances d’été étaient un problème au début. « C’était plate à la maison. Il n’y avait rien à faire parce que tous mes amis étaient dans différentes régions du monde et je n’étais plus en contact avec les amis que j’avais avant d’aller à Summerhill. C’était quand même un peu dommage. Des fois, des Summerhilliains venait demeurer chez moi ou je restais chez eux ou on allait à quelque par ensemble. »
Le pensionnat était vraiment un plus. « En habitant avec d’autres personnes, tu finis par très bien les connaître. Des fois, tu pouvais devenir déprimée ou frustrée. Tu passes à travers tous tes changements hormonaux. Tu deviens fâchée, frustrée. Je pense que Summerhill est un bon endroit pour passer à travers cela. La puberté – tu es réellement laissée à toi-même pour la vivre – mais il y a toujours des gens pour t’aider à passer à travers. Parfois, tu te retrouves dans une situation où tu détestes certaines personnes ; chicanes, disputes. Tu peux vivre dans une chambre avec quelqu’un qui t’énerve pour un bout de temps, bien que le manque d’intimité ne m’ait pas préoccupée avant que je sois plus vieille et, à ce moment-là, j’avais 15 ans et j’avais ma propre chambre, que je voulais vraiment avoir à l’époque. »
Il y avait une certaine tension avec les jeunes de la région. « Il y a eu quelques incidents où des jeunes de Summerhill se sont fait intimidés. Je pense qu’ils étaient probablement jaloux de Summerhill. Ils n’arrêtaient pas. Ils disaient beaucoup de choses méchantes. Ce fut particulièrement le cas après le documentaire. Certains ont menacé Henry[5] : ‘On va te couper la tête’. » (Cela faisait référence à une scène où Henry Readhead avait été filmé à euthanasier des lapins alors que le documentaire n’expliquait pas que les lapins étaient en train de mourir de Myxomatoses – une mort particulièrement horrible. Henry les libéraient de leurs misères). « Je pense que je me suis bien débrouillée dans ces situations, bien qu’un peu fâchée. On allait souvent en ville dans les magasins et on se faisait traiter de toutes sortes de noms : ‘les chiennes de Summerhill et des insultes du genre’. Ils savaient qu’on était de Summerhill parce qu’on s’habillait différemment de tout le monde. On n’était pas trop concernée par notre linge. Les filles locales portaient toutes des talons hauts et du maquillage, donc c’était facile de nous identifier. En plus, il y avait plusieurs jeunes de différentes nationalités parmi nous. »
Abigail était compatissante avec la détresse vécue par les jeunes de Leiston[6]. « Ils s’ennuyaient vraiment, donc ils avaient recours aux drogues et à intimider les Summerhilliains. Ils vivaient seulement dans leurs petites villes tout le temps. Il devrait y avoir plus d’activités et de clubs sociaux et sportifs pour eux. Je pense qu’on avait une vie plus équilibrée. »
Pendant une période, quelques élèves ont fumé de la marijuana. « Ça a été découvert et un d’eux s’est fait renvoyer. Il s’était fait avertir, mais il a continué. J’ai déjà fumé de la marijuana, mais ce n’est pas quelque chose que je fais. Je pense que l’alcool peut être pire d’une certaine façon. Je vais au pub après les cours à l’université des fois pour boire quelques verres, mais pas beaucoup. »
Une question qui revient souvent a rapport à la mesure dans laquelle des élèves avec des difficultés d’apprentissage ou avec des problèmes émotionnelles peuvent être intégrés à Summerhill. Il semble que certains le peuvent alors que ce n’est pas le cas pour d’autres. « Il y avait quelques jeunes un peu différents, un peu bizarres. La plupart d’entre eux se portaient bien, mais je pense que certains l’ont eu difficile. Ils ne devraient pas avoir de difficultés à Summerhill, mais certains en ont eu. Je pense que ça arrive moins à Summerhill qu’à d’autres écoles, mais certaines personnes se sont moquées d’eux. Il y avait également des élèves rebelles. Ceux qui s’éclatent l’ont fait pendant des années, mais je pense qu’ils étaient tous corrects lorsqu’ils ont atteint l’âge de 16 ans. Un de mes amis a eu beaucoup de difficultés pour plusieurs années, mais, maintenant, il se porte bien. »
Un des plus grands problèmes à Summerhill selon Abigail est son manque d’installations sportives. « C’était bien pour les plus jeunes de grimper dans des arbres et de courir dans les bois, mais il y avait pas assez de sport pour les plus vieux. Même si je n’étais pas sportive, plusieurs l’étaient, donc il devrait avoir un bon professeur d’éducation physique. Je pense que ça serait apprécié. »
Pendant sa dernière année, Abigail a assisté, avec un des membres du personnel de l’école, à une conférence à propos des écoles démocratiques à l’école Sands School à Devon. Elle fut très surprise de l’accueil hostile et des critiques à l’endroit de Summerhill. « Ils étaient atroces. Ils nous ont critiqué de ne pas être assez libres, tant les élèves que les enseignants, mais surtout les adultes de Sands School. Personne ne nous a défendus. Je ne savais pas quoi dire. Ils nous ont posé toutes sortes de questions comme pourquoi qu’il y a des chambres séparées pour les garçons et les filles. Pourquoi ? Pourquoi pas ! Je pense que, peut-être, parce que nous avons été les fondateurs de toutes les écoles libres, ils se sentaient en compétition avec nous. Ils voulaient être meilleurs. Je ne pense pas que Summerhill était préoccupée. » Abigail ne fut pas impressionnée. « Les élèves à Sands School n’ont pas à aller en classe comme à Summerhill, mais je n’ai pas vu tant de similarités. C’est une école de jour, ce qui est vraiment différent. Tu deviens plus impliquée quand tu es dans un pensionnat. Les jeunes à Sands ont encore plus de pouvoir que nous. Ils avaient le droit de renvoyer et d’engager des enseignants. J’ai trouvé ça un peu bizarre. J’aime mieux l’approche de Summerhill. Si tu as trop de pouvoir, ça peut mal virer. »
Abigail mit l’accent sur l’égalité entre les sexes à Summerhill. « On ne se sentait pas dominée par les garçons. Je pense que c’est différent à d’autres écoles. Il y avait quelques filles qui portaient du maquillage à Summerhill, mais il y en avait beaucoup moins que les filles en ville. J’étais la seule fille à l’université qui ne portait pas de maquillage. C’est juste que je ne sais pas pourquoi elles font ça – si c’est pour faire plaisir aux garçons ou si elles font ça pour mieux se sentir. Je ne porte pas de maquillage parce que je n’en vois pas le but. Tu ne te fais mettre de pression à Summerhill – si tu veux porter du linge à la mode, c’est correct et, si ce n’est pas le cas, c’est correct aussi. Ça n’a eu aucun effet sur comment les gens te traitent. »
Ce ne fut pas avant ses deux dernières années à Summerhill qu’Abigail a découvert ce qui l’intéressait et ce qu’elle voulait faire. « Ils ne faisaient pas d’arts dramatiques lorsque je suis arrivée à l’école, puis ça a commencé. J’avais probablement 15 ans. On avait de l’improvisation et on jouait des pièces de théâtre de fins de sessions et on allait dans des sorties au Théâtre Nationale, aux théâtres à Ipswich et à Statford. The Little Shop of Horrors (Le petit magasin des horreurs), pièce dans laquelle j’ai joué, fut à peu près la seule pièce écrite qu’on a faite. On a pratiqué tout le semestre, ce qui est devenu demandant, mais ça a fini par bien fonctionner. » Quittant Summerhill sachant que c’était ça qu’elle voulait faire, Abigail a appliqué pour étudier les arts dramatiques et a été acceptée pour un cours de deux ans dans un collège à Bristol.
APRÈS SUMMERHILL
J’avais aucune idée de comment ça serait au collège. C’était plus difficile au début que ce que j’avais pensé, mais j’ai quand même apprécié mes études. Je n’ai pas travaillé très fort à Summerhill parce que je n’aimais pas beaucoup d’autres choses que les arts dramatiques, mais, au collège, parce que je ne faisais que des arts dramatiques, c’était le fun donc j’en faisais plus. J’ai trouvé que ça ne me dérangeais pas de rédiger des essais et que j’étais capable d’en faire. Je ne pouvais pas croire combien d’examens de fin du secondaire les élèves des écoles conventionnelles ont eu à prendre. J’en ai fait cinq, alors que la plupart d’entre eux en avaient faits 10 ou 12. Pourquoi ? Ils n’en avaient même pas besoin.
Ce fut un choc au début de m’adapter au collège. C’était complètement différent de Summerhill et ça m’a pris un temps de m’adapter. Les gens étaient différents et j’ai eu plus de difficulté à me faire des amis. Plusieurs personnes dans mes cours étaient dans leurs vingtaines et j’avais tendance à plus les apprécier. Ceux qui étaient plus jeunes semblaient être, bien, jeunes. Ils cherchaient encore à s’éclater, ce que nous, à Summerhill, avions déjà fait, nous étions prêts à passer à autre chose. Néanmoins, il y avait une fille de mon âge qui est devenue une bonne amie.
Je pense avoir une meilleure vue d’ensemble de Summerhill aujourd’hui parce que j’ai un plus grand vécu. J’ai appris à apprécier Summerhill davantage, mais seulement dernièrement. J’ai beaucoup aimé mon temps là-bas, mais il y a certains aspects par rapport auxquels j’étais mécontente lorsque j’ai quitté. Summerhill vous donne beaucoup sur le plan du développement personnel, mais, en même temps, ça peut devenir difficile de s’intégrer au monde extérieur. À ma sortie de Summerhill, j’étais embêtée d’être différente alors qu’à cet âge, tu veux juste être acceptée. Faire la transition du secondaire au collège est difficile de toute façon. Je n’habitais plus avec des Summerhilliains et, lorsque tu n’es pas entourée d’autres Summerhillians, tu te sens isolée. J’étais dans un quartier difficile de Bristol et peut-être que ça a eu quelque chose à voir avec ça. Tout était différent – habitant avec ma mère dans une nouvelle ville.
Je ne discutais pas de Summerhill avec les gens là-bas, pas parce que j’avais honte, mais parce que je ne voulais pas avoir l’air différente. J’ai bien aimé mes cours au collège. J’ai obtenu mon diplôme B-Tec National en arts dramatiques et, en rétrospective, c’était un très bon programme d’étude. Celui qui le dirigeait était excellent et savait ce qu’il faisait.
Après que j’ai terminé au collège, je souhaitais encore devenir une actrice ou faire quelque chose en rapport au théâtre, donc j’ai appliqué pour quelques auditions dans des écoles de théâtre, mais je n’ai pas été acceptée. Puis, j’ai appliqué pour un diplôme universitaire en arts dramatiques – une portion académique, une autre pratique – et j’ai été admise à Aberystwyth pour faire un baccalauréat de trois ans, mais le programme était très académique. J’ai été satisfaite de mes résultats, mais j’ai vu une dimension du théâtre et d’être actrice dans laquelle je n’ai pas voulu m’aventurer : être jugée pour son apparence ; des gens qui se donnaient des coups de couteaux dans le dos pour obtenir un rôle ; licher le directeur. C’est très difficile de devenir actrice et tu dois être très compétitive et agressive, ce qui n’est pas dans ma nature.
J’avais travaillé un peu avec des enfants au théâtre lorsque j’étais au collège et à l’université, dans le département des enfants handicapés. J’ai fait un module de théâtre en éducation qui a piqué ma curiosité. Aller dans des écoles a été révélateur et m’a fait changer mon cheminement. Le théâtre est un très bon outil thérapeutique. Cet aspect de la créativité et de l’expression est merveilleux. Ainsi, mes ambitions de devenir une actrice se sont volatilisées. Pour ma dissertation, j’ai fait du théâtre en éducation et, en lisant sur le sujet, je me suis intéressée à la thérapie dramatique, bien que je ne voulais pas en faire tout de suite. J’ai vu la thérapie dramatique comme une option à long terme.
J’ai trouvé Aberystwyth beaucoup plus facile que Bristol. C’est une petite ville. Je me sentais en sécurité. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à me sentir confortables avec les gens. C’était super. Je ne pensais pas à Summerhill pendant cette période – ce n’étais pas au centre de mes préoccupations. J’étais intéressée par ce que je faisais : apprendre de nouvelles choses, avoir de nouvelles expériences, me faire de nouveaux amis. Ce fut une vie d’étudiante très agréable. Je présume qu’à cette époque, j’ai parlé de Summerhill avec quelques amis et ils trouvaient que ça semblait être cool. Je pense que les étudiants en théâtre sont un groupe unique dans lequel je faisais partie. J’ai rencontré beaucoup de personnes de différents horizons. Ils étaient tous un peu fous – plus libres, extravertis et ouverts d’esprit. J’ai aimé ça.
Après avoir obtenu mon diplôme, je ne voulais pas continuer et faire une maîtrise à ce moment-là comme plusieurs le faisaient. Je voulais gagner de l’expérience de manière concrète en travaillant avec de jeunes handicapés. Il n’y avait pas assez d’opportunités dans ce domaine à Aberystwyth, donc j’ai déménagé à Brighton avec ma meilleure amie de Summerhill. J’ai occupé différents postes en travaillant avec des enfants ayant divers handicaps – mentaux, physiques, des jeunes en chaises roulantes. J’ai travaillé avec des jeunes qui avaient des difficultés émotionnelles et comportementales. J’ai également travaillé pour une courte période dans une école Montessori. C’était plus comme une crèche. J’ai fait quelques ateliers et jeux théâtraux, beaucoup de projets.
Je trouve facile de m’entendre avec les enfants. Je les vois plus comme des égaux et, non pas, comme des gens à discipliner ou à qui tu dois enseigner. Je peux leur parler à ce niveau. Ils comprennent ce qui se passe à un très jeune âge, mais beaucoup de personnes les traitent de manière condescendante. Les jeunes à Summerhill ne se faisaient jamais parler comme s’ils appartenaient à une autre espèce subordonnée. Par ailleurs, il y avait de jeunes handicapés à Summerhill. Donc, je pense que ça m’a aidé à travailler aujourd’hui avec des enfants. Je ne considère pas les jeunes qui ont des difficultés émotionnelles et comportementales comme des extraterrestres qui doivent être soignés. Ce sont des êtres humains à qui je peux parler et avec qui je peux m’identifier. Ils ne sont pas des études de cas. Je m’identifie davantage à eux à un niveau personnel. J’obtiens de bonnes réactions de leurs parts. Je ne veux pas chanter mes propres louanges, mais je m’entends toujours bien avec eux, plus comme une amie que comme une enseignante. Par contre, le travail de quelques personnes qui ont une formation dans ce domaine ne se base que sur des manuels ou des théories, ils n’ont pas une approche concrète et pratique. Ces personnes deviennent très surprises lorsqu’elles sont confrontées à la réalité de ces jeunes. Plusieurs thérapeutes avec beaucoup d’années d’expérience sont fantastiques, mais pour certains autres, les jeunes ne sont que des études de cas. Certains thérapeutes n’ont aucune idée de ce à quoi ressemble le quotidien de jeunes handicapées. C’est un peu douteux.
Présentement, je travaille pour une agence et, avant ça, j’ai travaillé pour huit mois à l’étranger, au début en Indonésie, puis en Thaïlande. En Indonésie, j’ai enseigné l’anglais dans différentes écoles et, en Thaïlande, j’ai travaillé dans un orphelinat – une communauté – j’ai enseigné l’anglais, les arts et le théâtre. Le projet avait débuté en Inde. C’était dirigé par des Dadas et des Didis- ce qui correspondrait à des moines et à des sœurs – habillés en orange. Dada est masculin et Didi, féminin. Leur formation initiale inclut beaucoup de méditation, de yoga et de chose du genre. Puis, ils sont envoyés dans différents pays où ils se font donner une terre et leur objectif est de commencer un projet éducatif ou un village.
Ma propre Didi était une Italienne qui avait établi une communauté 15 ans plus tôt. Puis, quelqu’un a fondé une école pour les enfants. C’est un endroit merveilleux et pittoresque. L’éducation était très libérale et relaxe. Plusieurs aspects me rappelaient Summerhill. Ça avait lieu dans le cadre de la fondation néo-humaniste Bandarah dont le vrai nom est Anandamaya. Je n’en savais pas beaucoup à propos de la philosophie de l’organisme avant d’y arriver, mais je l’ai adoptée une fois arrivée. J’ai commencé à faire de la méditation et du yoga, j’ai arrêté de fumer et de boire, et, puisqu’ils étaient végétariens, j’ai également arrêté de manger de la viande. Je suis devenue familière avec la philosophie de la communauté et ils m’ont donné un nom sanskrit.
C’est le genre d’endroit où personnes ne vous dit quoi faire. Tu ne fais que demander et, éventuellement, tu trouves ta place. Tu n’es pas payé, mais pour avoir enseigné dans l’école, ils m’ont donné un logement et de la nourriture. C’était super. J’ai vraiment admiré leur fonctionnement. Je ne crois pas énormément au sacrifice de soi, mais j’ai été impressionnée. Les gens qui dirigeaient la communauté paraissaient très calmes et en paix avec eux-mêmes, pas nécessairement illuminés, mais très spéciales. Il y avait également plusieurs bénévoles, comme moi, de différents pays. J’ai rencontré des gens bien sympathiques. Je me sentais chez moi et c’était presque comme être à Summerhill. C’est une communauté – relaxe, non pas comme dans un endroit pour missionnaires. Les enfants peuvent faire ce qu’ils veulent, bien qu’on leur demande de méditer deux fois par jour, mais c’est correct. Ce sont tous des enfants extraordinaires, très calmes. On leur demande de méditer comme condition à leur présence dans la communauté, donc ils le font et je pense que ça aide. Ils viennent de différentes régions de la Thaïlande, plusieurs de régions frontalières avec la Birmanie et il y a des réfugiés de la Birmanie. La plupart sont des orphelins, mais il y a des mères dépourvues de ressources avec leurs bébés. Ces mères s’occupent de leurs bébés et les enfants plus vieux prennent soin des plus jeunes. Ils sont très contents d’avoir un endroit où vivre et ils ont de la nourriture et des vêtements. Je suis sûre que certains ont des séquelles émotionnelles, mais il n’y a pas beaucoup de temps pour la psychanalyse. Certains enfants étaient très malades et sont décédés depuis que je suis partie – du sida ou des effets de la malnutrition.
Ce voyage a été une révélation. Ça m’a fait réfléchir à nos styles de vie et à ce qui nous préoccupe en Occident. J’ai été malade. J’ai attrapé un parasite qui cause des abcès et qui m’a laissée à plat et anémique. Lorsque je suis revenue, j’ai dû aller à l’hôpital pour des traitements. Je voudrais y retourner, mais j’ai des dettes à payer ici. Lorsque j’aurai sauvé assez d’argent, j’aimerais passer quelques autres années à voyager, puis revenir pour compléter une maîtrise en thérapie dramatique. Ça ne fait que 10 ans que c’est offert comme maîtrise, je crois, donc je dois trouver quelles opportunités sont offertes pour un thérapeute qualifié. Je serais intéressée à aller dans diverses institutions : des hôpitaux, des centres pour enfants, des écoles pour élèves handicapés.
J’ai considéré travailler à Summerhill pendant un certain temps lorsque je réfléchissais à ma carrière : « Je gagne beaucoup d’expérience, mais ça ne me mène pas dans la direction que je souhaite. » J’ai donc appelé Zoë. Elle m’a dit : « On aimerait vraiment ça t’avoir. On souhaite encourager d’anciens Summerhilliains à venir et à travailler ici parce qu’ils savent comment l’école fonctionne. » Il y a avait une surveillante qui quittait. J’allais prendre son poste, ce qui m’aurait également permis d’organiser des ateliers de théâtre ou à propos de n’importe quels sujets qui pouvaient intéresser les enfants – s’il y en avait.
Alors que j’allais prendre cet emploi, j’ai changé d’avis. J’étais indécise, car c’est un gros engagement et tu n’as pas vraiment une vie à l’extérieur. Ça te laisse assez limitée. Ça va peut être avoir lieu un jour, mais je suis plus intéressée à gagner de l’argent pour aller voyager. Je connais des gens qui sont retournés à Summerhill pour y travailler un peu. Un l’a fait pour deux ou trois ans. Je pense que, pour lui, ce n’était pas une si bonne idée de rester aussi longtemps. La situation était à un point où c’était presque lui qui n’avait pas voulu quitté lorsqu’il était plus jeune et qu’il était revenu pour continuer à partir d’où il s’était rendu plus jeune, sans avoir beaucoup de vécu entre temps. Travailler à Summerhill est encore une possibilité pour mois, mais pas maintenant.
Il y a un certain nombre de Summerhilliains qui habitent à Brighton et je les vois à l’occasion. J’ai partagé une maison avec quelques-uns d’entre eux pendant un certain temps. Ça facilite une vie sociale. C’était comme être de retour à Summerhill. Je ne trouve pas ça difficile d’habiter avec d’autres personnes. Je suis plus âgée et je suis capable de m’ajuster. Dernièrement, j’ai commencé à vouloir mon propre domicile, mais je ne peux pas me le permettre. Présentement, c’est impossible pour quelqu’un de mon âge d’acheter sa propre maison dans ce pays. Je ne sais pas si je pourrais avoir un bon salaire en étant thérapeute dramatique. Je ne me lance pas dans ce domaine pour l’argent, peut-être que je pourrais en faire si j’allais à Hollywood pour faire de la thérapie dramatique avec les stars. Je n’en ai aucune idée, mais l’idéal américain ne m’intéresse pas. Je suis plus intéressée par les pays émergents et par les problèmes comportementaux et le développement de l’enfant.
Il y a évidemment des différences entre les enfants ici et ceux dans les pays émergents. L’éducation est vue comme un moyen d’obtenir un emploi dans les pays émergents. À Summerhill, c’était à propos de ce qui était bien et de ce qui ne l’était pas, c’est-à-dire à propos d’enjeux moraux. Ma mère a payé pour que je puisse avoir le choix de pouvoir ne peut-être pas avoir d’éducation. Pour moi, essayer d’expliquer ça à des jeunes qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école, encore moins à l’université, et qui doivent avoir un travail comme vendeurs de noix est difficile. De leur point de vue, ils me répondent «Quoi ?», mais lorsque tu habites en Angleterre, c’est différent. Tous les aspects d’habiter dans un autre pays sont différents. Lorsque ces pays seront développés – si ça se produit – à ce moment-là, ça pourrait peut-être changer. Pour le moment, il te respecte parce qui tu proviens d’un pays riche. Pour eux, tu dois être intelligente et instruite parce que tu as de l’argent et une éducation. Tu te fais respectée pour ça.
La plupart des bénévoles occidentaux que j’ai rencontrés dans des pays en voie de développement sont des gens décents qui veulent avoir plus de vécu et voir ce qui se passe dans le monde. Ils ont de la compassion. Je ne me caractériserais pas comme une bienfaitrice. Ce n’est pas ma mission de sauver le monde. Il y a beaucoup de choses que je veux retirer du bénévolat que je souhaite faire.
Au bout du compte, je dirais que mon expérience à Summerhill a bonifié ce que je fais présentement. En arts dramatiques, j’ai pu explorer mon côté créatif tant que je l’ai voulu. On a fait beaucoup de pièces de théâtre. Mes amis et moi faisions souvent le tour de l’école costumés pour prendre différentes personnalités. Vous aviez le droit de faire ce genre de choses à Summerhill, ce qui est vraiment agréable. C’est ce que Summerhill m’a permit de faire – développer mon côté créatif. Summerhill a également éveillé mon intérêt pour les enfants et comment ils sont élevés – en termes d’éducation et de comportements. Maintenant, j’essaie de combiner tout cela – tout ce en quoi je suis intéressée : les arts dramatiques, la thérapie et les gens.
Une de mes histoires préférées, lorsque j’étais plus jeune, fut écrite par John Burningham. C’était à propos d’un garçon et de sa mère qui avaient planté un prunier. Puis, plus tard, lorsque je feuilletais mes vieux livres d’enfants, j’ai découvert que John était allé à Summerhill. J’étais contente de voir qu’un de mes auteurs préférés de livres pour enfants était allé à Summerhill.
J’aimerais avoir des enfants un jour, mais je ne suis pas encore prête pour cela. Je ne crois pas que je vais envoyer mes enfants à Summerhill parce que je crois que j’en ai appris assez de Summerhill, du monde et de mes expériences pour leur en faire part dans leur propre maison. Ce fut un avantage pour moi d’être au pensionnat de Summerhill parce que j’étais malheureuse à l’école et que je n’avais pas une grande famille. C’est ce que Summerhill m’a offert, mais je pense que je serai en mesure de créer cette atmosphère dans ma propre famille, particulièrement, s’il y avait d’autres Summerhilliains et leurs enfants dans les alentours. Si mes enfants ne sont pas heureux à l’école et si j’ai assez d’argent, je considèrerais envoyer mes enfants à Summerhill.
Je pense que, pour moi, l’aspect le plus bénéfique de Summerhill a probablement été de travailler sur moi-même. J’ai eu la chance de m’explorer aux plans émotionnel et spirituel, au lieu de concentrer tous mes efforts sur le plan académique ; de m’analyser comme être humain ; d’apprendre à mieux me connaître ; et de comprendre mes liens avec les autres. C’est ce qui est vraiment important dans la vie et très peu de gens ont l’opportunité de faire ça.
POST-SCRIPTUM (2011)
Par la suite, j’ai obtenu une maîtrise en thérapie dramatique à l’Université de Roehampton en étudiant à temps partiel pendant trois ans. J’habite présentement à Londres où j’ai récemment obtenu un emploi pour effectuer de la thérapie dramatique avec des enfants ayant différentes formes d’autisme et d’autres difficultés d’apprentissage et de communication. J’ai également dirigé un groupe de thérapie dramatique à Londres Ouest dans un centre communautaire pour adultes réfugiés et pour des demandeurs d’asile. Avec un partenaire d’affaire, j’espère ouvrir un centre créatif d’arts dramatique à Kampala, en Ouganda. En ce moment, nous sommes dans les premières étapes de la création de notre organisation charitable.
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A New Book About Britain’s Most Radical School
After Summerhill by Hussein Lucas
One of the big questions surrounding progressive education is whether parents might be limiting their children’s career prospects by sending them to schools where there is less emphasis on academic achievement and more on social and personal development: in other words, what is the desirable balance in a child’s education.
In this new book, After Summerhill, Hussein Lucas investigates these and other issues concerned with progressive schooling based on a series of extended interviews with people who were educated at Summerhill, Britain’s most radical progressive school, through each of the decades of it history.
Founded by the legendary educator A.S. Neill in 1921, Summerhill is most notable for the fact that it does not require any of its pupils to attend lessons and that the school is effectively run by a congress of pupils, teachers and houseparents, where decisions regarding many aspects of policy, including questions of discipline, are decided democratically. What, may one ask, is the likely outcome of sending a child to a school where they are not forced to learn?
This new book goes some way to answering this question, and the people who emerged from this radical experiment provide many fascinating insights into the nature and consequences of freedom from coercion by way of their experiences after they left the, to some, near idyllic environment of Summerhill and went on to face the harsh realities of the world at large.
But After Summerhill is more than that. It is also a vernacular history of the school, told through the experiences of those were there. Covering a period from the early 1920s to the new millennium, one is given a vivid and informative picture of what it was like to be at this remarkable school and how during its history it underwent a number of changes, yet never lost its basic ideals.
Former pupils, who have made careers in a wide range of callings from science to the arts, academia to business, service to society to physical fitness training, recount how their lives as adults were influenced by their experience of Summerhill. What emerges is a picture of people who come over as open, optimistic, positive, tolerant of others and above all keen to engage with life and fulfil their potential as human beings.
Significantly, Summerhill is celebrating its 90th anniversary this year.
After Summerhill has been attracting significant media attention, locally and nationally. This includes a two-page feature in The Independent and BBC Radio 4 Midweek.
For further information please contact John Adler at the above address
[1] Summerhill School est souvent considérée comme la première école démocratique. Elle est située en Angleterre et est en opération depuis 90 ans.
[2] Zoë Readhead est la fille du fondateur de Summerhill, A.S. Neill. Ancienne élève de Summerhill, elle est aujourd’hui la directrice de l’école.
[3] Le tribunal est l’institution à Summerhill qui s’occupe de la résolution de conflits et du non-respect des règlements.
[4] À Summerhill, les règlements de l’école décidés démocratiquement lors d’une année demeure en application les années suivantes jusqu’à ce qu’ils soient changés ou que, dans une situation où la communauté n’est pas satisfaite avec la majorité des règlements, un vote abolisse tous les règlements pour recommencer à zéro.