Simon ou le désir d’apprendre

Simon avait hâte de commencer l’école, mais vers la moitié de sa première année cet enthousiasme s’est estompé et a été remplacé par l’anxiété.  Tout son être voulait courir, jouer et parler, mais pendant 5 heures par jour de classe il était contraint d’effectuer des travaux intellectuels imposés. Ses impulsions lui attiraient les reproches incessants de l’enseignante. De plus, il ne réussissait pas aussi bien que les autres sur ces tâches que ses parents et son enseignante semblaient trouver plus importantes que tout. Les adultes croyaient qu’il avait un problème : le TDAH. Simon voulait fuir, ne voulait pas avoir un « problème », ne voulait plus se faire réprimander et se sentir moins talentueux que les autres. Il voulait courir et jouer, simplement, avec ses amis sans se faire évaluer constamment.

Voici un dessin produit par The Three Rivers School, une école démocratique à Pittsburgh

Dessin produit par The Three Rivers Village School, une école démocratique à Pittsburgh

Sa maman, commençant à s’inquiéter du nouveau mal-être de son enfant et offensée par la pression que lui mettait l’école de médicamenter son fils, finit par chercher une école alternative. Elle en connaissait une, tout près, qu’elle  décida de considérer : une école dite « libre » ou « démocratique ». Elle hésita longuement et son mari encore plus car il s’agissait d’une école très peu conventionnelle puisque les enfants y étaient libres. Un encadrement pédagogique était offert avec l’accord de l’enfant et des cours se donnaient mais ils pouvaient décider de s’inscrire à ceux-ci ou pas. Aucun enfant n’y était médicamenté. Les parents de Simon craignaient qu’il n’y apprendrait rien puisqu’il n’aimait clairement pas apprendre et ne s’inscrirait donc pas aux cours. Malgré leurs craintes ils décidèrent d’en faire l’essai pendant quelques semaines, car  on leur avait dit que pratiquement tous les enfants finissaient par demander à s’inscrire à des cours après un mois ou deux.

Les  premières semaines, Simon ne s’est pas inscrit aux cours. Après 6 semaines de jeux libres, curieux de voir ce qui donnait envie à son nouvel ami, Théo, de s’inscrire aux cours d’écriture, Simon s’inscrit au même cours que lui, malgré ses appréhensions. Au premier cours, il était donc peu réceptif aux enseignements. Or, après quelques semaines, il comprit que ce qu’on lui avait dit était vrai. Il n’y avait pas d’évaluations le comparant aux autres, dans cette nouvelle école. S’il ne voulait pas se trouver dans la salle de cours, il avait le droit de quitter et faire ce qui lui plaisait. Il n’y avait pas de devoirs causant tant de tensions à la maison et les enseignants semblaient sincèrement se soucier de son bien-être. Ses peurs sont alors tombées soudainement. Rassuré par la liberté de refuser de se faire instruire, sa curiosité d’enfant est revenue à la charge. Maintenant, il était prêt à dire « oui » et c’est exactement ce qu’il fit.

Dès lors, ses parents qui étaient toujours très hésitants devant leur choix, ont vu des changements époustouflants s’opérer chez leur enfant. Après 2 mois à sa nouvelle école, leur fils ne voulait plus manquer une journée. Il parlait avec enthousiasme des évènements du jour et même, parfois, de ce qu’il avait réussi à accomplir dans ses cours. Il n’allait généralement pas à plus d’une heure de cours par jour, mais ce cours semblait si positif et efficace dans ce nouveau cadre que ses parents décidèrent de le laisser à cette école, au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire. D’autant plus que leur enfant semblait avoir retrouvé sa joie de vivre, son enthousiasme et sa curiosité. Quel soulagement!

Le cas de Simon ici est fictif, mais ils existe des milliers de petits Simons et petites Simones qui ont fait le saut vers l’école démocratique et qui ont eu des expériences similaires.

L’enseignante Unetelle a préféré garder l’anonymat pour parler de ce sujet. Elle enseigne dans une école primaire du Québec.